Données immobilières, études et conseil

Pas de stratégie foncière sans économie immobilière

Non seulement les fonciers « faciles » sont de moins en moins disponibles, mais l’économie immobilière en général est particulièrement malmenée. On ne règlera pas ces deux problèmes indépendamment l’un de l’autre. 

Yann Gerard

Publié le 14/01/2025

 

La fin des fonciers « faciles » renforce la nécessité, pour les collectivités, de se doter d’une stratégie foncière. Elles ne peuvent plus compter sur un développement à l’opportunité, en extension, sur des terrains non ou peu bâtis : désormais, les besoins en immobilier doivent le plus souvent trouver une réponse dans le tissu existant, en majorité bâti.

Remise en cause de la mécanique de création de valeur

Si un simple repérage des parcelles non bâties pouvait suffire, à une époque pas si lointaine, à la définition d’une stratégie foncière, c’était bien parce que l’économie des projets reposait sur les écarts très forts entre la valeur initiale des terrains (environ 6 000 €/ha pour des terres agricoles « ordinaires » en moyenne), celle des charges foncières vendues aux constructeurs (plusieurs centaines d’euros par m² construit), et celle des logements vendus in fine (plusieurs milliers d’euros par m² habitable). Tout terrain rendu constructible d’un « simple » trait de crayon dans le plan d’urbanisme créait potentiellement, et quasi-instantanément, des millionnaires. Le processus de création de valeur, du terrain brut au bâti, ne prenait que les quelques années nécessaires une opération immobilière classique.

Deux éléments sont venus gripper cette mécanique :

  •  D’une part, une remise en cause de l’économie de la construction neuve, dont le modèle s’est progressivement fragilisé. Celui-ci a notamment reposé sur des conditions de financement des opérations extrêmement avantageuses, mais non durables, ces dernières années, et sur une dépendance très forte aux dispositifs fiscaux, eux-mêmes condition de possibilité de péréquations complexes.
  • D’autre part, des politiques publiques de sobriété foncière qui orientent les opérations immobilières vers des gisements plus complexes. Si les fonciers « faciles » existent toujours malgré tout, l’économie immobilière fragilisée n’est plus en mesure de retourner à la situation antérieure.

Complexité et incertitude

Ces gisements fonciers complexes sont par définition plus difficiles à exploiter. De natures diverses – recyclage de friches, transformation de locaux d’activité en logement, densification pavillonnaire, surélévation, etc. – leur capacité constructive ne se laisse pas si aisément appréhender que celle d’un terrain nu.

Mais, surtout, on ne peut, encore moins qu’autrefois, parler de potentiel, tant que la question de la faisabilité économique n’a pas été éprouvée. Le prix d’acquisition des fonciers (ou des droits à construire) est relativement élevé par rapport à la valeur finale de l’opération, ce qui rend la création de valeur incertaine. Elle ne pourra en outre se faire, dans bien des cas, que dans le temps long. Il faudra attendre (parier ?) que le marché évolue à la hausse suffisamment longtemps pour réaliser une plus-value et obtenir un retour sur investissement satisfaisant.

Trois questions stratégiques

Le contexte immobilier actuel amène à reformuler quelque peu les questions que se posent ou devraient se poser les collectivités et aménageurs au moment d'élaborer des stratégies foncières opérationnelles :

1/ Quels usages privilégier ? Quels sont ceux que la puissance publique souhaite développer et avec quelles valeurs foncières sont-ils compatibles ? On ne pourra répondre à cette question qu’en la posant « à l’endroit », c’est-à-dire en partant de la / des demande(s) et de la solvabilité réelle des utilisateurs pour ensuite envisager une programmation adéquate : ce sont les marchés immobiliers (eux-mêmes dépendant de la demande) qui sont directeurs. Le foncier suit. C’est vrai dans les secteurs tendus, comme ailleurs.

2/ Avec quels opérateurs travailler ? Lesquels mobiliser pour lancer des opérations immobilières sur les fonciers disponibles ? Dans la crise historique que traverse la construction, il faut savoir aller chercher le(s) bon(s) interlocuteur(s) : quels sont ceux qui peuvent potentiellement porter les projets, dans le contexte territorial et avec les objectifs qui sont les miens ? On pense évidemment aux promoteurs, dont certains ont engagé leur mutation vers le recyclage et la réhabilitation. Il ne faut pas non plus négliger les grands propriétaires privés, industriels, investisseurs ou foncières, qui jouent un rôle croissant dans les dynamiques foncières locales car ils souhaitent valoriser un patrimoine en voie d’obsolescence (zones commerciales notamment).

3/ Quels modèles économiques ? Cette question arrive à la fin, conformément à notre raisonnement « à l’endroit » : la demande, les acteurs, et, au final, les modèles, qui résultent de la demande et des logiques des acteurs en présence, et non l’inverse. Comment équilibrer le bilan de l’opération, sécuriser les recettes foncières sans sacrifier la qualité ? Les solutions commencent à se dessiner. Elles conjuguent un travail sur la mixité fine de la programmation, pour assurer la commercialisation, un certain niveau d’investissement et de soutien financier public, direct ou indirect (TVA minorée par exemple) ainsi que, de manière croissante, le recours à la dissociation foncière. Cette dernière reste largement soutenue par des acteurs institutionnels (Caisse des Dépôts par exemple), dans le domaine des foncières dédiées aux activités (foncières développées par l’EPORA ou dans le cadre du programme « cent foncières de redynamisation ») ou dans celui, en plein développement, des foncières « logement », publiques ou privées, à des fins locatives ou d’accession à la propriété, dans le sillage des Organismes de Foncier Solidaire.

Les trajectoires d’une nouvelle économie foncière et immobilière, qui part de la demande, sont, enfin, en cours d’écriture. Les collectivités, et leurs opérateurs publics, doivent y contribuer. La définition, puis la mise en œuvre, de leurs stratégies foncières en constitue précisément l’occasion, sous peine de quoi elles resteront inopérantes, si ce n’est contre-productives.

343.600

C’est le nombre de logements commencés en France sur les 12 derniers mois. Le volume le plus faible enregistré depuis janvier 2016 avec une baisse de -11% par rapport à mai 2022.  

Indicateur avancé issu du FIL Résidentiel – ADEQUATION 

-36%

C’est la chute des ventes de logements neufs en promotion immobilière aux particuliers enregistrée au 2ème trimestre 2023. Une tendance qui fait suite à la baisse de -40% enregistrée au 1er trimestre.  

Indicateur avancé issu du FIL Résidentiel – ADEQUATION 

/ Décryptage
juil 2023

Un grand employeur arrive : où loger les salariés ?

Où, mais d'abord combien, qui, quand ? Et comment faire ? Si l'afflux massif d'emplois est une grande chance pour le territoire concerné, il se présente d'abord comme un défi de taille. L'enjeu est de transformer un événement exceptionnel en projet de territoire.

Hélène BOREAU

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/ Regard
juil 2023

BRS : affiner le dispositif avant de chercher à le "massifier" (ou pas)

Simon Goudiard, directeur de l'OFS des Yvelines, membre du conseil d'administration de l'association nationale des OFS, Foncier Solidaire France.

Simon Goudiard, directeur de l'OFS des Yvelines, est aussi membre du conseil d'administration de l'association nationale des OFS, Foncier Solidaire France. Nous lui avons demandé de réagir aux propositions du CNR et aux annonces du Gouvernement sur le BRS. En commençant par un point sur le déploiement de ce produit dans les Yvelines.

Logement neuf : 2023 risque de finir avec le millésime le plus mauvais depuis 30 ans

Évolution des ventes de la promotion immobilière au détail et en bloc en 2023, comportements des investisseurs particuliers et institutionnels, proportion des BRS et offres commerciales dissociant le foncier du bâti... Quentin Lamour répond aux questions de News Tank Cities.

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18.000

C’est le volume de logements neufs mis en vente sur les 12 derniers mois sur la région parisienne ; un nombre en baisse de -18% par rapport à mai 2022. 

Indicateur avancé issu du FIL Résidentiel – ADEQUATION 

354.200

C’est le volume de logements neufs mis en chantier en France sur les 12 derniers mois, à fin avril 2023. Avec une chute de -8% sur un an, c’est une baisse quasi-généralisée à l’image des agglomérations de Paris (-14%), Strasbourg (-10%), Lyon (-8%), Aix-Marseille (-11%) ou Bordeaux (-20%) sur ce même indicateur.   

Indicateur avancé issu du FIL Résidentiel – ADEQUATION 

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/ Regard
juin 2023

Solutions digitales : la personnalisation devient clé

Amaury Paour, cofondateur de Promolead

Trois critères font la différence parmi les applications digitales utilisées au quotidien par les professionnels : qualité des données, pertinence des fonctionnali-tés et, de plus en plus, personnalisation à la main de l'utilisateur. Nous en parlons avec Amaury Paour, cofondateur de Promolead, outil de travail au quotidien des développeurs fonciers.

-52%

C’est la tendance des réservations de logements neufs par des investisseurs depuis le 1er janvier. Un volume inférieur à 10.000 unités à fin mai 2023.   

Indicateur avancé issu du FIL Résidentiel – ADEQUATION