Données immobilières, études et conseil

Marseille : sous le microscope des données immobilières, une mosaïque d'opportunités

Ce n’est pas un scoop : un bon programme commence par une bonne étude de marché. Mais jusqu’où faut-il aller dans le détail pour coller à la réalité ? Réponse : le plus près possible, tant pour éviter des erreurs de jugement que pour révéler des opportunités.

Anais Cloteau

Publié le 19/11/2024

 

À Marseille, où les prix du collectif libre vont de 3.350 €/m² à Saint-Barthélémy à près de 10.000 €/m² aux Chartreux, avec une moyenne à 5.850 €/m² stationnement inclus au 2e trimestre 2024, la diversité des marchés saute aux yeux. Pourtant, seuls les développeurs capables d’en lire les moindres subtilités savent en tirer tout le parti. Nous allons tenter de l’illustrer au moyen de quelques exemples.

Toutes les données qui suivent sont issues de l’Observatoire ADEQUATION[1].

Identifier les sous-marchés porteurs : le 7e arrondissement, le quartier de Sormiou

Dans le 7e arrondissement, la demande réelle est bien plus soutenue que dans le 8e arrondissement, malgré des niveaux de prix comparables. Dans le 9e arrondissement, si la dynamique n’est pas évidente, le quartier de Sormiou enregistre de très bons taux d’écoulement moyen.  

Oser des programmations atypiques : BRS à Plan dAou

Les logements en bail réel solidaire (BRS) à Plan d’Aou, secteur historiquement populaire, sont un bon exemple de programmation atypique. Bien que le BRS soit habituellement destiné aux zones tendues, il a rencontré un succès inattendu auprès des ménages locaux, fortement enracinés dans le quartier. Ce programme a permis à ces résidents d’accéder à la propriété avec un taux d’effort viable (33 % redevance comprise) contre plus de 50 % en logement libre, révélant ainsi le potentiel d’une offre bien calibrée. 

Segmenter finement le marché : le 8e arrondissement

L’image d’un 8e arrondissement haut de gamme et homogène cache en réalité de grandes différences. Les prix oscillent de 4.000 €/m² à Sainte-Anne à 9.500 €/m² dans le secteur Plage, et chaque micro-localisation possède des spécificités marquées.

 

Ventilation gamme de prix sur le 8ème

Illustration - Graphique Prix
Graphique Prix

 

Exemple avec cette opération de 26 logements sortant en moyenne à 6.400 €/m² hors stationnement, dont la gamme de produits exploite bien la forte segmentation du marché.

  • Les appartements au 1er étage, plus accessibles (environ 6.600 €/m²), rencontrent une demande plus sensible aux prix, tandis que les derniers étages, valorisés à 7.800 €/m², captent un segment plus aisé.
  • Les biens avec vue mer, autour de 8.000 €/m² pour de grandes surfaces, attirent une clientèle précise, prête à payer un premium significatif pour la localisation et les vues.
  • 8 biens sont proposés à moins de 6.000 €/m² (surface moyenne 60 m²) et 3 à plus de 7.500 €/m² (surface moyenne 130 m²), ce qui montre que l’ajustement des prix à la typologie permet de capter plusieurs segments de demande au sein d’une même opération.

Capter des signaux faibles : linvestissement locatif dans le 12ème arrondissement

Le 12e arrondissement, perçu comme un secteur résidentiel familial plutôt populaire, offre pourtant des perspectives d’investissement locatif aussi intéressantes qu'inattendues. En effet, avec des biens valorisés à 5.000 €/m², les loyers proches de 16 €/m² à Montolivet assurent une rentabilité locative d’environ 4,1 %, supérieure à celle du Pharo (3,4 %). Et la demande locative reste soutenue, notamment pour les petites surfaces.

 

La variation des prix des programmes sur le 12ème VS marché locatif

Illustration - Graphique Carte
Graphique Carte

 

Reconnaître le rôle moteur de l’accession aidée : les Crottes

Dans le quartier des Crottes (15e arrondissement), l'essor des ventes en accession sociale modifie le paysage immobilier. Alors qu’on pourrait s’attendre à ce qu’il freine les prix, la réalité montre une hausse de 35 % entre 2017 et mi-2024, les prix atteignant aujourd’hui 4.000 €/m² dans cet arrondissement.

Comment cela s’explique-t-il ? Les logements aidés, initialement valorisés à 3.200 €/m² pour une surface de 52 m² en 2017, ont connu une progression de 30 %, notamment en raison d’une augmentation de la surface moyenne à 63 m². Ce besoin d’espace et la fidélité des résidents au quartier créent une demande soutenue, valorisant davantage le quartier et renforçant son attractivité.

 

Evolution des prix sur les Crottes[2]

Illustration - Graphique Evolution Prix Quartier C
Graphique Evolution Prix Quartier C

 

Ce qui vaut pour Marseille vaut pour la plupart des marchés

Toutes proportions gardées, de nombreux marchés immobiliers ressemblent au marché marseillais : les réalités locales, souvent éloignées des moyennes globales, exigent une analyse pointue pour en exploiter le potentiel. Plus les données sont fines, mieux les promoteurs et investisseurs peuvent éviter des erreurs de jugement et plutôt :

  • découvrir des opportunités cachées en anticipant les évolutions de la demande et en identifiant les niches de marché ; 
     
  • diversifier leur offre pour aller chercher des segments de marché au potentiel souvent insoupçonné ; 
     
  • optimiser la commercialisation en ciblant les lots/produits vers des clientèles spécifiques pour maximiser le retour sur investissement.

[1] Elles sont disponibles dans nos suites digitales e-focus et FIL.

[2] Pour 2024 : chiffres du 1er au 3ème trimestre.

© Depositphotos - Alexey Fedoren

17.000

C’est le nombre de logements neufs commercialisés auprès d’investisseurs particuliers entre le 1er janvier et le 30 septembre 2023. Un chiffre à comparer avec les 45.000 logements vendus sur la même période en 2019.

Indicateur avancé issu du FIL Résidentiel – ADEQUATION

L'investissement responsable des particuliers, marché émergent pour la promotion immobilière

Anne-Sophie Thomas, co-fondatrice de Gestia Solidaire

Anne-Sophie Thomas a co-fondé en 2020 une agence immobilière responsable, présente aujourd'hui à Lyon, Grenoble et Paris. Agréée ESUS (entreprise solidaire d'utilité sociale) Gestia Solidaire a pour mission de créer du logement abordable pour tous. Elle emploie pour cela un double dispositif d’aides qui commence à intéresser les acteurs de la filière.

-42%

C’est le taux à la baisse d’activité (en réservations de logements neufs) sur les grandes métropoles depuis le début de l’année 2023. Une baisse plus sensible que sur l’ensemble du territoire (-34%).

Indicateur avancé issu du FIL Résidentiel – ADEQUATION

99.800

C’est le nombre de logements neufs disponibles à la vente en France au 31 août 2023. Un volume qui se stabilise compte tenu de l’effondrement du nombre de nouveaux programmes et des retraits d’opérations.

Indicateur avancé issu du FIL Résidentiel – ADEQUATION

-50 à -60%

C’est la fourchette de la chute des réservations de logements neufs, du 1er janvier au 31 août 2023, dans les agglomérations de Bordeaux, Nantes et Toulouse ; trois territoires qui affichent les plus forts reculs sur les grandes métropoles régionales.

Indicateur avancé issu du FIL Résidentiel – ADEQUATION

-55%

C’est la baisse des mises en vente de nouveaux logements au mois de juillet et août 2023. Une alimentation du marché à l’arrêt.

Indicateur avancé issu du FIL Résidentiel – ADEQUATION

/ Regard
sep 2023

Travailler sur l'existant devient impératif, mais nous cherchons encore le modèle économique

Mathieu Massot, directeur général du groupe FDI et président de Procivis Immobilier

Mathieu Massot est le directeur général du groupe FDI, actif sur tout l'arc méditerranéen. Il est également le président de Procivis Immobilier. Procivis est un réseau national d'acteurs multimétiers (promotion, habitat social, services immobiliers)[1].

Leur statut coopératif leur permet de soutenir la rénovation du parc privé et la production de logements en accession abordable.

+2%

C’est l’évolution des prix de vente des logements neufs entre août 2022 et août 2023. Une hausse qui ralentit sensiblement pour atteindre désormais 5.350 €/m² stationnement compris.

Indicateur avancé issu du FIL Résidentiel – ADEQUATION