L'incontournable mais exigeante personnalisation des outils numériques

Devenues les outils de travail du quotidien, les applis n'en finissent pas de se perfectionner, en particulier pour s'adapter aux besoins spécifiques de chaque entreprise. Enjeux, écueils à éviter et précautions à prendre pour réussir la personnalisation d'une solution digitale. 

Jordan Roux

Publié le 16/01/2024

 

Une appli qui affiche les biens immobiliers à vendre dans un quartier, une autre qui évalue leur valeur, une troisième qui compare les offres de prêt du marché… Il est clair que les solutions digitales ont conquis l’immobilier comme les autres secteurs de l’économie. À partir d’une interface conçue pour accueillir des requêtes bien balisées, l’utilisateur interroge la base de données en injectant les siennes (adresse, caractéristiques du bien, situation financière) pour obtenir une réponse à une question précise.

Ces quelques exemples concernent le grand public, mais il existe tout autant de solutions digitales destinées aux professionnels de l’immobilier, dans tous les métiers de la filière, qu’il s'agisse de développement, de construction, de commercialisation, de gestion, etc.

Personnaliser, mais aussi mutualiser et sécuriser l'outil digital

L’essor de la data et des outils algorithmiques engendre naturellement une offre foisonnante de solutions digitales, généralement destinées à un usage donné et à un profil d’utilisateur défini (développeurs, gestionnaires, commercialisateurs…). Face à cet afflux souvent peu contrôlé de nouveaux outils de travail, et alors que ces derniers deviennent centraux dans les tâches quotidiennes comme dans les décisions stratégiques, les entreprises prennent conscience de la nécessité d’une certaine rationalisation.

Rationaliser certes, mais comment ? Trois principaux objectifs doivent être considérés.

  • La personnalisation adapte l'outil aux besoins spécifiques de l'entreprise. Prenons l'exemple de la solution SaaS e-focus, qui aide à positionner des projets immobiliers neufs sur leur marché et face à la concurrence. Personnaliser la solution peut consister à proposer plusieurs parcours utilisateurs dans l’outil (développeur, mais aussi commercialisateur par exemple), notamment en diversifiant l'offre de données (prix de l’ancien, loyers, qualité d’adresse…) pour répondre à plus de requêtes plus diverses. Ou bien à importer des données issues de l’entreprise : périmètres de prospection foncière, adresses de référence…
  • La mutualisation consiste à partager la solution entre plusieurs directions de l’entreprise, qui vont y verser leurs données spécifiques (développement, commercialisation, gestion…). Les avantages sont multiples puisque cela permet de rationaliser les investissements dans les outils digitaux, mais aussi de croiser des données pour en produire de nouvelles, de s’assurer que tout le monde travaille bien à partir des mêmes informations en temps réel…
  • La sécurisation concerne les données que l’entreprise va injecter dans le système : sont-elles conformes à la réglementation sur les données personnelles par exemple ? Sont-elles protégées contre les intrusions malveillantes ? sachant qu’une perte ou un vol de données pourraient être extrêmement préjudiciables au fonctionnement voire à la pérennité de l’entreprise.

Quatre règles simples pour passer à l'acte

Partons de l'objectif de personnalisation – sachant que les trois objectifs sont bien entendu liés – pour présenter les principales règles à respecter en termes de méthode.

Use cases et persona : savoir ce que l'on cherche

En toute logique, il faut commencer par bien définir les use cases, c'est-à-dire les cas d'usage, que l'on va associer à un persona, autrement dit un profil d'utilisateur. Il est donc important de rassembler autour de la table des représentants des différentes fonctions de l'entreprise susceptible d'utiliser l'outil, afin de bien comprendre leurs besoins spécifiques : l'enjeu est de construire des indicateurs pertinents et des parcours fluides leur permettant d'aller rapidement à l'essentiel.

Rester concentré sur les décisions que l'outil doit aider à prendre

Ce qui est essentiel se définit par rapport à la décision qui est à prendre, et que les données vont venir éclairer. L'écueil à éviter est clairement celui de la surabondance. Surabondance de données, d'abord : on est souvent tenté d'introduire dans la solution plus de données que nécessaire, simplement parce qu'elles existent et que c'est possible. C'est le cas en particulier des données socio-économiques. Or l'excès d'information a tendance à obscurcir le tableau, à masquer les informations structurantes qui motivent la décision. Il faut ne retenir que les indicateurs réellement utiles.

Veiller à la qualité de l'expérience utilisateur

Il en va de même des fonctionnalités proposées (cartes, indicateurs, boutons…) : la tendance naturelle est à surcharger l'outil quand il faut au contraire épurer le design pour rendre l'UX (user experience ou expérience utilisateur) le plus fluide possible. L'utilisation de l'outil doit être 100% intuitive.

Organiser la co-construction de l'outil personnalisé

On voit par là qu'une personnalisation réussie passe par un travail de co-construction conjuguant différentes expertises.

  • Les utilisateurs expriment leurs besoins.
  • Les experts métiers anticipent les défis spécifiques du domaine immobilier et sont force de proposition sur les enjeux rencontrés par les utilisateurs.
  • L’équipe produit (product owner, architectes, développeurs, designers…) se charge de garantir la cohérence et l’ergonomie de l'outil, la sécurité des données (en adoptant le concept de privacy by design) et une bonne hiérarchisation des évolutions afin de s'assurer que l'outil s'aligne sur les objectifs stratégiques de l'entreprise.

Ajoutons pour conclure que si la personnalisation s'apparente à une évolution naturelle de la digitalisation de l'immobilier, elle constitue aussi, opportunément, une réponse pertinente à la crise puisqu'elle va faciliter et sécuriser le déploiement de stratégies réellement différenciantes. 


© Yaroslav Shuraev - pexels

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